La Grand-rue de Reignier cyclable: retour de l'AERE à la mairie - AERE, Association Environnement Reignier-Esery

Conviés à la cinquième réunion de concertation municipale sur le réaménagement de la Grand-rue, plusieurs membres de l'AERE ont écouté la présentation du projet "quasi-définitif" et scruté les plans.

Côté positif, il y aura plus de largeur utile grâce à la fin du stationnement auto en long (compensé par moult places ailleurs, ce qui est une autre histoire) sauf quelques arrêts-minute bien placés. Une amélioration des traversées piétonnes par des plateaux surélevés de couleur différenciées, de meilleurs carrefours et embranchements qu'actuellement et un effort pour replanter du végétal. Bref, on s'efforce de faire une place pour tout le monde, peut-être un peu trop.

Côté critique, plusieurs points ne prennent pas en compte les besoins des cyclistes, ce qui est ballot lorsqu'on crée une piste cyclable tout le long de la rue. C'est pourquoi l'AERE a envoyé à la mairie le retour ci-après, toujours vigilant, toujours constructif:

Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs les adjoint-e-s,

Suite à la réunion du 14 mars concernant le projet cité, les membres de l’AERE qui étaient présents et quelques autres souhaitent contribuer, comme vous nous y avez invités, à la réussite de ce projet en y apportant les remarques suivantes :

Améliorations

Précisons d’emblée que nous apprécions plusieurs améliorations notables dans ce projet, par rapport à la situation actuelle, que nous ne détaillerons pas ici.

Piste cyclable bidirectionnelle unilatérale

Comme dit dans le Plan Vélo de l’AERE, Reignier-Esery en Selle (octobre 2020), l’implantation unilatérale (d’un seul côté de la chaussée) d’une piste cyclable bidirectionnelle ne constitue pas une solution recommandable en milieu urbain du fait que ce type d’aménagement génère :

des situations plus dangereuses au niveau de chaque entrée-sortie (accès privés, commerces…) avec des automobilistes qui ne s’attendent pas à voir des vélos circuler dans les deux sens ;
des franchissements des voies de circulation automobile dangereuses pour les cyclistes souhaitant se rendre de l’autre côté de la rue. De plus, ces franchissements « au bonheur la chance » peuvent également générer des situations dangereuses sur la piste cyclable elle-même, puisque le cycliste qui attend pour traverser gêne les autres cyclistes.

Dans la mesure où le projet va faire table-rase sur l’ensemble de la rue et où les arbres existants vont être retirés, il nous semble qu’il n’y avait pas de contrainte particulière à privilégier un aménagement cyclable bilatéral (piste cyclable à droite et dans le même sens que la voie de circulation motorisée).

Vous avez malgré tout opté pour une double piste unilatérale et, afin d’en minimiser les inconvénients, nous souhaitons que son utilisation ne soit pas rendue obligatoire et qu’il soit mis un panneau C113 (piste cyclable conseillée et réservée aux cyclistes) et non un panneau B22a qui oblige les cyclistes à emprunter cet aménagement.

En outre, au niveau du débouché de la Rue de Saint-Ange sur la Grand-Rue, l’aménagement proposé ne nous semble pas garantir des connexions en toute sécurité. Lorsqu’un cycliste vient de la Rue de St-Ange et qu’il souhaite remonter la Grand-Rue, il doit effectuer plusieurs croisements avec les piétons et les véhicules motorisés, ce qui génère une situation d’inconfort, de stress et donc de danger (trop d’éléments à gérer visuellement) Voir photo. Aussi, nous vous demandons de repenser l’aménagement de ce carrefour pour les cyclistes en s’assurant qu’il tienne compte aussi de l’aménagement vélo qui va en direction de l’Eculaz et qui ne figure pas sur le plan.

Mixité

Votre questionnement sur la mixité éventuelle piétons-cyclistes sur un grand trottoir indifférencié a reçu la réponse unanime des membres de l’AERE lors de sa réunion du 22 mars : surtout pas ! Les conflits seront innombrables et il est impératif de distinguer très clairement les usages de ces deux modes. N’oubliez pas qu’il pourrait y avoir autant des enfants à pied que des adultes sur un vélo à assistance électrique. De nombreuses études ont démontré que, dans un contexte urbain avec une certaine densité de flux piétons et vélos, la mixité est à proscrire.

Relief

Le fait de planter des arbres en bordure de piste cyclable pose la question du niveau des grilles au pied des arbres. Celles-ci ne sont presque jamais à fleur du bitume et cela occasionnera une gêne certaine pour les cyclistes et une source possible d’accidents. De plus, la matière de ces grilles peut générer des situations glissantes et donc dangereuses.

Stationnement auto sur la piste

Il sera très tentant, surtout au début, pour certains automobilistes, de se garer sur la piste et cela nuira à la tentative d’instaurer une habitude cycliste dans le secteur. Particulièrement vers l’accès à l’Esplanade (accès à la boulangerie, notamment en fin de journée) et des potelets s’avéreront indispensables à certains endroits.

Rue du Docteur Goy

Il semble nécessaire de rappeler que les Points Noirs AERE, communiqués à la Municipalité dès 2012, et le Plan Vélo de l’AERE mentionnent depuis plusieurs années la nécessité d’un double-sens cyclable à l’entrée de cette rue. En l’état actuel du projet, la problématique du stationnement y est nettement améliorée et il serait d’autant plus injuste, avec une quinzaine de mètres de sens interdit, d’obliger les cyclistes à faire le tour de la mairie pour rejoindre la Grand-Rue, alors que la largeur de chaussée le permet !

D’autant plus que la sortie du parking de la mairie sur la Grand-Rue oblige à tourner à droite. Il ne serait pas envisageable de traiter ainsi les cyclistes, interdits de rejoindre le centre depuis la rue du Dr Goy (voir photo ci-après).

Stationnement vélo

D’une part, leur nombre est nettement insuffisant et l’on peut se demander s’il y a une réelle volonté d’attirer les cyclistes potentiels avec une pareille indigence, alors qu’une accroche-vélo n’est pas un objet coûteux.

D’autre part, et dans la logique de la piste unilatérale, c’est à proximité immédiate de celle-ci qu’il faut pouvoir se garer avec son vélo. Sinon, le risque est d’encourager certains à continuer de rouler en-dehors de la piste, c’est à dire sur le trottoir ou la chaussée, jusqu’à une accroche libre (voir photo).

Nous notons également que plusieurs supports prévus paraissent avoir été « casés » dans des recoins plus ou moins laissés pour compte et qui gagneraient plutôt à être paysagés. A nos yeux, au vu des enjeux climatiques, écologiques et énergétiques, la bicyclette mérite une place pleine et entière dans l’espace urbain d’aujourd'hui. Cela signifie que les stationnements vélo devraient être d’abord situés en bonne place sur les parkings automobiles (voir photo).

Lampadaires/candélabres

Proposés à l’interstice entre les espaces piétons et vélos (idem pour les arbres), leur emplacement nous interpelle dans leur interaction avec les mouvements cyclistes et piétons. Ne vont-ils pas constituer une entrave, voire même un danger ?

Concluons avec l’expression de deux regrets :

le report du projet de portion en sens unique avec contournement par les rues du Môle et du Dr Goy. Il aurait été opportun de tester cette variante avant l’aménagement du cœur de ville, plutôt que d’attendre une hypothétique solution venant de ce dernier.

L'idée soulevée pendant les discussions était de dévier le trafic descendant pour faire le tour du coeur de ville par ces deux rues, ce qui dégagerait de l'espace sur cette portion de Grand-rue (devenue sens unique) pour un aménagement nettement plus convivial. Toutefois la mairie rappelle que les rues du Môle et Dr. Goy ne sont pas adaptées au trafic lourd (convois exceptionnels) et que cela coûterait cher de les aménager en plus de refaire la Grand-rue. La possibilité de cette option ne serait pas complètement abandonnée mais gardée comme éventualité, selon la forme que prendrait le futur "coeur de ville".

la réouverture de la rue Cécile Boquet au trafic complique le déplacement du marché vers l’Eglise. Le marché continuera-t-il d’obstruer la rue du Môle, rue cyclable importante pour les Reignerand-e-s ?

Pouvoir constater que les doléances et suggestions que nous vous faisons depuis plus de dix années auraient été prises en compte nous aurait évité cette série de critiques négatives. Espérons, cette fois-ci, que notre analyse servira à éviter des problèmes a postériori pour la collectivité.